Alors que la ministre déléguée aux Collectivités territoriales est rattrapée par ses postures homophobes, plusieurs associations luttant contre l’homophobie ont porté plainte; elles demandent la démission de trois autres ministres LGBTphobes du gouvernement d’Elisabeth Borne qui s’était présentée comme une défenseuse des droits des minorités.

Caroline Cayeux, ministre déléguée et maire de Beauvais rattrapée par ses propos homophobes; une aiguille dans le talon pour ‘les marcheurs’ ?

Plus d’une semaine après ses propos réaffirmant son opposition au mariage pour tous, la ministre déléguée et maire de Beauvais, Caroline Cayeux, est toujours dans une sale posture. Visée par une plainte pour injure publique suite à ses explications sur Public Sénat mardi 12 juillet, plusieurs associations de défense des droits des LGBTQIA+ demandent sa démission dans une lettre adressée à la Première ministre, Elisabeth Borne.

Alors qu’elle se justifiait sur des propos tenus en 2013 sur « le dessein contre nature » du mariage pour tous et l’adoption pour les couples de même sexe, Caroline Cayeux (DVD/ex LR) avait déclaré avoir « beaucoup d’amis parmi tous ces gens-là« . Elle avait aussi dit maintenir ses propos, avant de rétropédaler et de présenter ses excuses qu’Élisabeth Borne avait considérées comme suffisantes; une validation de la Première ministre qui ne passe pas pour les 17 associations qui lui écrivent.

« Nous contestons, Madame la Première ministre, tout droit à une personne non concernée par les propos tenus par Madame Cayeux d’accepter ou non les excuses formulées » , peut-on lire dans le courrier publié ce vendredi 22 juillet sur les réseaux sociaux.

Après avoir heurté par son vocabulaire en ostracisant les LGBT dans une formule jugée « inacceptable et stupide » par Emmanuel Macron lui-même, le mea culpa de Caroline Cayeux n’aura pas suffi à faire oublier à « tous ces gens-là » l’homophobie crasse et latente qui se cache derrière les propos de la maire de Beauvais.

Emmanuel et Brigitte Macron avec les danseurs de Kiddy Smile, lors de la fête de la musique, le 21 juin 2018.

« Nous, associations œuvrant au quotidien contre les discriminations et les actes de violences, notamment LGBTQIphobes et sérophobes ne savons que trop les conséquences délétères que les propos tenus par Madame Cayeux ont et auront dans les prochaines semaines […] nous vous demandons donc que Madame Cayeux, Monsieur Béchu, Lecornu ou Darmanin quittent sans délai leurs fonctions gouvernementales. »

Darmanin, Lecornu et Béchu également visés

Loin de s’arrêter sur le cas de la ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales, le courrier fait part des comportements de Christophe BéchuSébastien Lecornu et Gérald Darmanin.

Les associations reproche à Christophe Béchu (ex LR, Horizons) ministre de la Transition écologique et maire d’Angers jusqu’au 18 juillet 2022 d’avoir supprimé des affiches montrant des couples de même sexe s’embrassant: « en 2016, il faisait enlever les affiches de promotion de la santé sexuelle élaborées par Santé publique France, qui représentaient des hommes et des femmes s’embrassant, qualifiant celles-ci de ‘provocation' » .

Sébastien Lecornu (LREM), ministre des Armées, est mis en cause pour une déclaration remontant à 2012 lorsqu’il était secrétaire départemental adjoint de l’UMP dans l’Eure, dans laquelle il indiquait « le communautarisme gay m’exaspère autant que l’homophobie » .

Quant au ministre de l’Intérieur et de l’Outre-mer, Gérald Darmanin (LREM/DVD) est connu et reconnu par les associations anti LGBTphobes  « […] pour ses prises de position contre le mariage pour toutes et tous, mais aussi pour avoir multiplié les appels du pied insistants envers l’extrême-droite […] ».

Sans autre précision, le courrier adressé à Élisabeth Borne (Territoires de progrès/LREM), conclut « Nous souhaitons pouvoir croire en la sincérité de vos engagements à faire de votre gouvernement l’allié fidèle des droits des personnes LGBTQIA + »  en demandant l’éviction sans délai des quatre ministres accusés.

Une affaire qui divise la macronie 

L’affaire a pris une autre allure depuis que Clément Beaune, ministre des Transports et député Territoires de progrès (le parti d’Elisabeth Borne affilié à la majorité présidentielle et considéré comme son aile gauche), interrogé sur LCI, a qualifié les propos de Caroline Cayeux de « propos extrêmement blessants »  tout en rappelant faire « partie de ces gens-là ».

Si certains membres macronistes tenteront très vite de calmer le jeu, à l’instar de la ministre du commerce Olivia Grégoire (LREM) qui affirmera « on a le droit à l’erreur une fois » ou encore Olivier Véran pour qui « le débat est désormais clos » , d’autres l’entendent autrement et signeront une tribune publiée mi-juillet sur France Info pour remettre en cause son maintien au gouvernement

Signée par des parlementaires mais également par des anciens ministres, et soutenue « par une dizaine de ministres actuels [qui] sont scandalisés  » selon France Info, cette tribune vient accentuer la pression qui pèse sur la ministre déléguée et son poste.

D’après le témoignage d’un ministre récolté par Le Canard Enchaîné ce mercredi 20 juillet, la femme politique de 73 ans pourrait par ailleurs le quitter. « Il ne se passera rien à court terme, mais Cayeux aura deux boulets aux pieds. Elle finira par partir. Elle partira, peut-être même d’elle-même, parce que c’est intenable », a commenté le haut fonctionnaire macroniste.